Histoire
Quelques dates
1265
Plus ancienne mention écrite connue.
1343
Charte des Escartons.
1349
Rattachement du Dauphiné au royaume de France.
1587
Prise de Fort Queyras par Lesdiguières et les armées protestantes.
1692
Siège par les troupes de Savoie.
1692 et 1700
Inspections de Vauban
1693 à 1704
Réalisation des travaux préconisés par Vauban
1888
Création du Corps des Chasseurs Alpins.
1944
Désarmement du fort.
1948
Inscription sur la liste des monuments historiques
Avec près de huit siècles d’existence, Fort Queyras est un témoin de l’Histoire de France et un acteur incontournable de l’histoire haut-alpine.
Fief du Dauphiné et rattaché avec lui au Royaume de France en 1349, le Queyras est l’un des cinq Escartons historiques, ces territoires unis qui firent l’expérience de la république et de la démocratie dès le XIVe siècle.
Aux XIVe et XVe siècle, le château s’adapte et subit quelques modifications. Il s’apprête à affronter deux événements majeurs de son histoire : la prise du château par le duc de Lesdiguières en 1587 pendant les guerres de Religion et le siège de Savoie en 1692.
Le projet de Vauban (1700) transforme le château en véritable forteresse militaire. Si Fort Queyras ne revit pas d’éléments majeurs, il continue d’affirmer son intérêt dans le cadre d’une défense nationale. Plusieurs compagnies, dont une compagnie d’invalides, y sont affectées au XVIIIe et XIXe siècles. Les chasseurs alpins seront les derniers à occuper militairement le site.
L’histoire du fort continue de s’écrire. Elle est aujourd’hui liée au tourisme et au développement harmonieux et respectueux de nos patrimoines.
Un verrou naturel
La plus ancienne mention écrite du château date de 1265, mais le site fut sans doute utilisé comme poste de guet bien plus tôt. Situé sur un verrou glaciaire, à 1384 mètres d’altitude, il permet en effet de contrôler quatre vallées et bénéficie de frontières naturelles.
Lors de la construction du château (XIIe-XIIIe s.), le Queyras n’est pas isolé, même si son accès est parfois difficile, notamment en hiver. Une ancienne voie romaine le traverse et il communique avec les vallées provençales, dauphinoises et piémontaises. Le territoire du Briançonnais s’étend sur le Piémont et il n’existe pas de frontière le long de la ligne de crête telle qu’on la connaît aujourd’hui.
Quant aux cols devenus mythiques, notamment le col Agnel et le col Izoard, ils sont déjà empruntés même si les routes seront construites bien plus tard.
Le château médiéval
L’existence d’un château de Queyras, Queyraz ou Quairas, rattaché au Dauphiné, est attestée au XIIIe siècle dans un document officiel qui fait l’inventaire des possessions du Dauphin. Celui-ci aurait préalablement racheté ses droits à un noble local, Isoard Bermond.
La construction du château est ainsi antérieure à l’an 1265 : elle peut être rattachée à la période dite de l’enchâtellement.
L’enchâtellement – de l’italien « incastellamento » – représente un aspect essentiel de l’histoire médiévale. Apparu en Italie, il se développe en Provence à partir du XIe siècle. Il consiste à construire des châteaux, désormais en pierre, sur des sites élevés et à les fortifier. A partir du XIIe s., le château fort a ainsi une double fonction : il est une résidence féodale et il assure protection à la population, regroupée autour du château. On ne sait si une construction en bois a préexisté à Fort Queyras mais le cœur du château, avec ses tours flanquées et son donjon, construit sur les hauteurs, est caractéristique de cette période.
La région subit en effet les passages répétés de bandes de routiers et de soldats désœuvrés qui saccagent tout sur leur passage. En outre, le Dauphiné s’affronte régulièrement à ses deux puissants voisins, les comtés de Provence et de Savoie.
Le donjon, avec sa forme caractéristique, pourrait ainsi être antérieur et remonter au XIIe s. voire au XIe s.
En 1339, une enquête fiscale offre la première description du château :
« situé sur un très haut molard, très fort au-dessus de la rivière dite de Guillestre Queyras, [le château] présente un circuit de 68 toises et demie, une hauteur de 8 toises et plus, et des murs de deux pieds et demi. Au-dessus sont les constructions ; une tour carré à trois étages, située à la porte du château, très bien couverte, ayant un circuit de 19 toises et une hauteur de 8 toises ½ ».
Après le rattachement du Dauphiné à la France en 1349, le château de Queyras conserve son rôle militaire et symbolique. Il représente désormais l’autorité du roi de France.
Au XIVe et XVe siècles, la naissance de l’artillerie impose aux fortifications de s’adapter pour résister aux nouvelles armes et techniques de guerre
1343-1789, la « république » des Escartons
Les Escartons représentent une expérience unique de république et de démocratie avant l’heure. Ils symbolisent aussi la capacité des habitants de ces vallées à prendre en main leur destin et gérer leurs affaires. Fiers et solidaires, les Escartons ont défendu pendant plus de quatre siècles leurs libertés et exercé dignement leur autonomie.
Au XIVe siècle, le territoire est soumis à l’autorité du Dauphin de Viennois. En 1343, Humbert II, très endetté et sans descendant, cherche à céder ses possessions.
Les communautés locales, se concertent et proposent au Dauphin de racheter l’ensemble de ses droits seigneuriaux. Ces vallées sont unies depuis des siècles par une solidarité montagnarde. Elles ont développé des échanges commerciaux ; elles veillent, ensemble, à l’entretien des cols et des routes, à l’usage et à l’exploitation des ressources collectives (pastoralisme, forêts…), et sont liées par une culture commune.
Le 29 mai 1343, Humbert II appose son sceau au bas de ce qui deviendra la Charte des Libertés briançonnaises. Le Grand Escarton du Briançonnais se voit accorder des droits et privilèges à perpétuité contre le versement d’une somme de 12 000 florins or et d’une rente annuelle de 4 000 ducats, réparti sur les territoires concernés.
Il est composé de cinq escartons :
– L’escarton de Briançon, groupant 12 communautés
– L’escarton du Queyras, groupant 7 ccommunautés
– L’escarton d’Oulx, groupant 21 communautés
– L’escarton de Château-Dauphin, groupant 4 communautés
– en 1598, le cinquième escarton de Valcluson, ou Pragelas, groupant 7 communautés, est créé.
Escarton ?
Le mot « escarton » est d’origine occitane. Il n’apparaît pas dans la charte de 1343 mais il est ensuite utilisé pour désigner chacune des assemblées et des circonscriptions géographiques correspondantes. L’origine du mot proviendrait ainsi du verbe escartonner (en latin « exquartare ») qui consistait à répartir les contributions entre les communautés.
Lorsque le Dauphiné est cédé au royaume de France quelques années plus tard (1349), le roi reprend à son compte les engagements du Dauphin.
Le château de Queyras devient le symbole de l’autorité royale dans la région. Tous les rois de France renouvelleront les droits et privilèges des Escartons.
La Charte des Libertés briançonnaises
… En l’an de notre seigneur 1343, le 29 e jour du mois de mai, notre illustre seigneur Humbert II, Dauphin de Viennois, prince du Briançonnais et marquis de Sésanne, bien informé et certain de ses droits, agissant de son plein gré, en son nom s et en celui de ses héritiers et successeurs, remet, cède et transporte à perpétuité aux communautés briançonnaises la jouissance pleine et entière de ses droits et devoirs féodaux et seigneuriaux.
La Charte accorde aux habitants le statut de franc-bourgeois et au territoire la possibilité de s’organiser librement dans le respect des grands principes rappelés dans la charte : l’allégeance au Dauphin, puis au Roi, et le versement d’une rente annuelle.
Les habitants ont la liberté de se marier, de se déplacer, de posséder, d’acheter et de vendre, de faire commerce, de se réunir « où et quand ils le désirent », de se déplacer « avec leurs bestiaux, produits et marchandises par tous les chemins qu’ils voudront », de « prendre l’eau au torrent des rivières pour arroser leur terre sans avoir à payer de droit d’usage », etc. Ils ont le droit de chasse et le droit de porter des armes. Leurs biens ne peuvent être saisis, pas plus que ceux des colporteurs et marchands.
Les délégués du Grand Escarton se réunissent au moins deux fois par an. Ils répartissent les obligations et les charges des habitants. Ces délégués sont issus du suffrage direct puisque ce sont les chefs de famille qui élisent leurs représentants au sein de chaque communauté.
Chaque Escarton a la possibilité de lever ses propres impôts, de battre monnaie, de faire librement commerce du sel, d’édicter les règlements de police et de rendre la justice (le Dauphin conserve le droit de haute Justice).
Les tribunaux des Escartons ont fonctionné jusqu’en 1790, alors que les juridictions municipales avaient été abolies dans tout le royaume en 1556.
Après presque quatre siècles de fonctionnement exemplaire, en 1713, le Grand Escarton se trouve amputé de trois escartons sur cinq par le traité d’Utrecht. La France cède en effet au duc de Savoie, Victor Amédée II, « tout ce qui est à l’eau pendante des Alpes du côté du Piémont ».
Le 4 août 1789, la Révolution française met paradoxalement fin à l’une des exercices les plus marquants de démocratie et de gestion en commun de la chose publique, la res publica.
La Charte des libertés briançonnaises est abolie.
Les guerres de Religion
Au début du XVIe s., Fort Queyras symbolise l’autorité catholique royale alors que les idées de la Réforme progressent et que le royaume est la proie d’une agitation croissante. Les idées protestantes, d’abord incarnées par Luther puis portées par Calvin, se développent à partir des années 1520. Les terres haut-alpines y sont particulièrement sensibles.
Dans l’ensemble du royaume, huit guerres de Religion se succèdent de 1562 à 1598. Les Alpes du Sud sont ravagées : les places fortes ou châteaux sont pris et repris, les lieux de cultes brûlés ou détruits par les uns et par les autres.
Ainsi, en 1574, le Queyras est envahi par des troupes protestantes qui menacent les catholiques et détruisent églises et chapelles. Si le fort est épargné, le monastère situé au pied du château est détruit.
Dans la région, les Réformés renforcent leur influence au fil des années. Leurs troupes, commandées par le redoutable Lesdiguières, remportent victoires sur victoires.
Le fort, tenu par la Ligue, est relativement épargné jusqu’en 1587 mais après la prise d’Embrun et de Guillestre, les troupes huguenotes marchent droit sur lui.
Le gouverneur fait replier la garnison et se montre relativement confiant face à l’avancée des troupes ennemies. Il sait que la remontée de la Combe du Guil est impossible avec de lourds canons. C’est sans compter sur le génie de Lesdiguières qui fait démonter l’artillerie et la fait transiter à dos de mulets et à bras en pièces détachées, depuis Guillestre via Ceillac et le col Fromage.
Le 9 octobre, les canons entrent en action et la garnison n’a d’autre choix que de capituler.
Maugiron, le commandant de la place, est exécuté. Lesdiguières se rend maître du château et, rapidement, de tout le Queyras. Plus tard, Gap, Tallard et Briançon se soumettent.
En 1598, l’Édit de Nantes ramène la paix et instaure un État catholique dans lequel le protestantisme est toléré.
Le siège de Savoie
À l’aube du XVIIe siècle, le vieux fort de Queyras est en mauvais état. En 1633, Louis XIII projette de le démanteler puis se ravise. Reconsidérant son utilité par sa situation aux confins du royaume et proche du duché de Savoie, le roi lui reconnaît un rôle défensif non négligeable. Une inspection est réalisée et des travaux et aménagements sont ordonnés
À partir de 1679, Louis XIV est au sommet de sa puissance et conduit une politique expansionniste. L’annexion de plusieurs territoires frontaliers et la politique antiprotestante, qui aboutit à la révocation de l’édit de Nantes en 1685, soudent les princes protestants d’Europe.
Le 9 juillet 1686, ils fondent la Ligue d’Augsbourg.
En 1690, la Savoie, bien que catholique, voit dans cette Ligue d’Augsbourg le moyen de se libérer de la tutelle française et rejoint les rangs.
Quelques escarmouches se produisent en 1691 dans la haute vallée du Guil. On s’inquiète en haut lieu de la possible prise du fort. Des projets de rénovation sont élaborés mais les fonds manquent. Deux années plus tard, Victor-Amédée II lance l’Invasion du Dauphiné avec une armée de 40 000 hommes (Piémontais, Allemands, Espagnols, Vaudois et Protestants) et confie l’opération au maréchal de Schomberg, militaire français de haut rang et l’un des plus célèbres réfugiés huguenots.
Le 21 juillet, les troupes se mettent en marche contre la France. Cette armée franchit les Alpes au col de Larche puis passe le col de Vars et prend Guillestre le 29 juillet. Simultanément, deux troupes composées de protestants passent les cols Lacroix et Saint-Martin et se rejoignent à Abriès
L’ennemi atteint Château-Queyras le 4 août.
Le lieutenant du fort est inquiet. Le fort n’est pas en bon état et la garnison pourra difficilement tenir le siège mais il refuse la capitulation. Lorsque le maréchal de Schomberg lui demande de se rendre, le lieutenant aurait bravement répondu : « Vous êtes Français, vous savez donc comment nous recevons l’ennemi ».
Le maréchal de Catinat, commandant en chef des armées royales, envoie depuis la place forte de Pignerol (ville du Piémont qui se trouvait alors dans le Royaume de France), un détachement pour briser le siège. Il se met également en route.
Les assaillants occupent les fermes du village, au Collet. Ils font creuser des meurtrières et minent le terrain. Le lieutenant du fort fait alors descendre un jeune garçon avec une corde et lui ordonne d’aller incendier les maisons où sont retranchées les troupes ennemies. 34 fermes sont brûlées et le lieutenant fait donner la mousqueterie sur les assaillants qui se retirent. Sachant que le maréchal de Catinat s’approche du château, Schomberg lève le camp.
Le vieux château a bravement résisté ; il a démontré son utilité en stoppant l’avancée des troupes savoyardes.
Fort-Queyras au XVIIIe et XIXe siècles
La mise en œuvre des travaux prescrits par Vauban s’étale sur plusieurs décennies et de nombreuses modifications sont apportées au projet initial. Les faiblesses structurelles du fort demeurent et la démolition est un sujet qui revient régulièrement.
Au XVIIIe siècle, plusieurs officiers s’intéressant aux frontières soulignent l’intérêt de Fort-Queyras. Parmi eux, Pierre Joseph de Bourcet, directeur des fortifications du Dauphiné, signe un « Mémoire sur la fortification du château de Queyras en 1751 ». Il prévoit en particulier l’achèvement de l’enceinte Ouest, la création d’une nouvelle enceinte Sud et l’agrandissement de la demi-lune.
En 1782, l’ingénieur Godinot de Vilaire établit un nouveau projet qui sera concrétisé en grande partie. Il reprend à son compte la création d’une enceinte Sud et s’attache en particulier à sécuriser l’approvisionnement en eau. Il crée également une infirmerie et une nouvelle caserne de 150 hommes.
Après la Révolution, la guerre reprend. Rostaing et Michaud, deux officiers militaires, sont envoyés à Fort Queyras. Le fort est directement menacé en 1799 puis les succès de la jeune République repoussent les frontières. Fort Queyras ne présente plus d’intérêt et reste pendant quelques décennies le spectateur lointain des grands événements.
Au milieu du XIXe siècle, des travaux sont engagés pour abriter les canons avec deux batteries souterraines et d’une batterie à ciel ouvert dans la cour de l’artillerie. Le magasin à poudre est achevé.
Jusqu’aux années 1930, alors que la menace d’une guerre se précise, le fort ne subira pas de modifications. En 1930, un hangar est construit sur les anciens jardins ainsi qu’une écurie. Quant au blockhau, il date de 1939.
Fort Queyras se spécialise dans la guerre de montagne
Au XVIIIe siècle, Fort Queyras est occupé par une compagnie détachée d’invalides (corps créé en 1670, composée de militaires devenus inaptes au métier des armes). Alors que la guerre reprend, une troupe régulière est envoyée en 1747.
C’est à la fin du XIXe siècle que le fort se spécialise.
À la veille de la première Guerre mondiale, le 12e BACP (Bataillon Alpin de Chasseurs à Pied) occupe le fort. Lorsque le bataillon rejoint le front, dans le Vosges, le fort se vide. En 1922, Fort Queyras accueille, en poste d’hiver, le 23e Bataillon de Chasseurs Alpins et devient un Centre d’instruction de haute montagne. Un poste avancé est créé à Abriès.
Tout au long des années 1920 et 1930, alors que la tension monte, la modernisation des défenses sur la zone de frontière et la réorganisation des troupes sont engagées. Un secteur fortifié des Hautes-Alpes est créé et devient en 1933 « secteur fortifié du Dauphiné ». Le 23e BCA devient le 11e BCA et le Centre d’instruction de Haute Montagne de Fort-Queyras devient la Section d’Éclaireurs Skieurs du bataillon.
En 1933, la défense des Alpes doit être renforcée. Les effectifs sont augmentés. Une compagnie autonome de forteresse de 120 hommes, rattachée au 159e RIA, devient en 1935 la 2e Cie du 72e BAF (Bataillon Alpin de Forteresse) et occupe le fort.
Le fort pendant la 2e Guerre mondiale
Dès l’entre-deux-guerres, le secteur fortifié est organisé pour contrer une possible attaque de la part de l’Italie. Fort Queyras fait alors partie intégrante d’une ligne de défense qui s’appuie sur diverses fortifications, existantes ou créées.
En août 1939, le secteur passe sous commandement de l’armée des Alpes. La mobilisation s’effectue. La 2e compagnie du 72e BAF, stationnée au fort, reçoit le renfort de troupes du 87e BCA
Le secteur fortifié du Dauphiné dispose, notamment, de la 157e DBAF (Demi-Brigade Alpine de Forteresse). Celle-ci est divisée en deux bataillons de forteresse (BAF), composé de troupes du 159e RIA. Une compagnie est détachée à Fort Queyras et sa Section d’Éclaireurs Skieurs est détachée à Aiguilles.
La guerre est déclarée le 10 mai 1940.
Le 21 juin, le 3e Régiment italien alpin descend les cols encore enneigés, repousse la Section d’Éclaireurs Skieurs et aborde l’avant-poste d’Abriès. Mais les troupes italiennes sont durement frappées par l’artillerie française.
Après l’armistice signé le 24 juin 1940, les troupes sont évacuées. Le Queyras se trouve désormais dans la zone démilitarisée ; il est intégré à la zone d’occupation italienne.
À partir de septembre 1943, les Hautes Alpes passent sous domination allemande. Quelques officiers allemands occupent le fort. Le jugeant trop inconfortable, ils s’installent au village.
Le fort sera démilitarisé en 1944.
Le 15-9, « les deux pieds dans la neige »
Les chasseurs alpins et l’infanterie alpine sont deux composantes essentielles de l’armée de terre française mais diffèrent dans leurs missions et leurs spécialisations. Les Chasseurs Alpins sont des soldats d’élite spécialisés dans le combat en montagne et leur rôle principal est la défense des frontières. L’Infanterie Alpine est formée pour les opérations en montagne mais peut être déployée dans d’autres environnements. Elle englobe plusieurs régiments d’infanterie, dont le 159e RIA de Briançon.
Connu sous le nom de Quinze-neuf ou de régiment de la neige, le 159e a joué un rôle pionner dans l’histoire du ski. En 1900, le capitaine Clerc est affecté au régiment. Secondé par le lieutenant Monnier, il entraine quelques hommes à la pratique du ski. L’hiver suivant, une mission norvégienne participe à l’instruction. Un peloton de 23 élèves skieurs est constitué avec des sous-officiers et des alpins de tous les régiments. En 1904, le ministère de la Guerre crée une école de ski à Briançon. Elle est destinée à former des instructeurs nécessaires aux bataillons et aux régiments alpins.